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mercredi 26 septembre 2012

rcredi 26 septembre 2012


La sculpture de soi selon Michel Onfray -2-





La maïeutique et le style

La maïeutique  est l'art de faire accoucher (maieuven, techné, en grec ancien). Au sens figuré, et la comparaison est due à Socrate dont la mère était sage-femme, c'est l'art de faire accoucher les esprits, c'est à dire de les conduire à une prise de conscience de ce qu'ils savent implicitement, à l'exprimer et à le juger. Faisons un bref détour par Platon.

". Socrate. -Mon art de maïeutique a les mêmes attributions générales que celui des sages-femmes. La différence est qu'il délivre les hommes et non les femmes et que c'est les âmes qu'il surveille en leur travail d'enfantement, non point les corps. Livre-toi donc à moi comme au fils d'une accoucheuse, lui-même accoucheur; efforce-toi de répondre à mes questions le plus exactement que tu pourras..." Platon, Théétète, 150 b-151 c)

La maïeutique est donc l'art de faire accoucher les idées, qui autrefois ont été contemplées et oubliées par l'homme selon la théorie platonicienne.Cette technique va conduire l'apprenti philosophe sur la voie du Bien et du Beau. Cette idée d'une absence de formes valides chez l'être originel est reprise par Michel Onfray:
"Tout le monde est précédé d'un chaos appelant le démiurge." (ibid, p.77).
C'est aussi le cas d'une personne en ce qui concerne ses éléments constitutifs tels que son tempérament et son caractère. Se développer, selon Onfray, consiste à mettre en forme les potentialités en "sélectionnant la formule la plus heureuse"  et en livrant au néant les autres. "Pas de constitution d'une singularité sans la mort de tout ce qu'elle aurait pu être hors de cette cristallisation particulière." (ibid, p. 78). Cette singularité, il faut comprendre cette personnalité unique, doit confiner à l'oeuvre d'art en se plaçant au-delà de "ces rapetissantes logiques, contre l'humilité qui rabougrit, la mauvaise conscience qui sape, l'idéal ascétique qui tue..." (ibid, p 21).
Et pour cela intervient l'esthétique, le style: "Pas d'oeuvre digne de ce nom donc, sans manifestation d'un style, sans distinction d'une manière, l'un et l'autre supposant une main particulièrement habile" (ibid p. 78). L'homme , dans cette perspective, dans ce travail de la forme, s'érige en oeuvre personnelle selon une esthétique. Il faut replacer cette pensée de la construction de soi dans cette fameuse notion nietzschéenne de "volonté de puissance", qui est à l'origine de nombreux contresens. Elle a souvent été présentée comme un appétit de domination, comme le culte du fait accompli, le triomphe de la force brute, ou encore, comme la possibilité d'une justification théorique des méfaits les plus tragiques.
Il s'agit en fait "d'une tentative de penser de façon active au-delà du ressentiment et de la mauvaise conscience, au-delà aussi des autres formes de nihilisme telle que le pessimisme moderne." André Simha, Nietzsche, Bordas, 1988.

Agir avec style
        à suivre                                        


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